CaniDéclic - Cynologiste - Educateur et Comportementaliste Canin -








 
Socialiser son chiot : mode d’emploi

 
Quand on prend un chiot, on est en général bien conscient qu’il faut le socialiser, le mettre en contact avec d’autres chiens. Le véto, l’éducateur, les autres propriétaires de chiens… tout le monde le dit et le redit. Et tout le monde a raison : socialiser son chiot, c’est primordial ! Oui mais voilà, il y a socialiser et socialiser… Voici donc un petit mode d’emploi de la socialisation.


Il y a trois types de chiots : les timides (ou carrément trouillards), les simplement curieux et joueurs, les « gros bourrins ». Les trois ont besoin d’apprendre à mieux connaître le langage des chiens, pour des raisons différentes. Et le rôle du maître variera bien sûr selon la réaction du chiot. Il faudra encourager un chiot timide (sans le forcer non plus, lui laisser prendre son temps), et freiner les ardeurs d’un chiot brutal qui « harcèle » les autres sans prendre en compte leurs signaux d’apaisement ou de détresse.


La socialisation en ville
Bien souvent, c’est en ville que l’on trouve la plus grande densité de chiens. Mais en ville, c’est aussi là où il est le plus difficile de lâcher son chiot. Le réflexe de tout propriétaire bienveillant est donc de laisser son chiot approcher les autres chiens en laisse. En réalité, ce n’est pas une si bonne idée. On risque ainsi de lui apprendre deux choses :
- soit que quand il se sent en danger et veut fuir, il est coincé par la laisse. Il se retranchera donc dans la prostration ou dans l’attaque, selon le caractère du chiot.
- soit que pour accéder à l’autre chien, il peut tirer sur sa laisse, et le propriétaire suivra (et l’encouragera même : « Regarde, il y a un copain ! »). Après quelques semaines de ce régime, on obtient un chien qui tire comme un fou quand il voit un « copain ».


Notre conseil est donc de privilégier les contacts en liberté (ou en lui laissant une longue cordelette de 3 ou 4 m au collier quand vous êtes en ville, mais pas une laisse « flexi », qui maintient toujours une certaine pression et peut servir de fil à couper le beurre -ou la patte- si un chien se prend dedans). Dans tous les quartiers, il y a des rassemblements de chiens lâchés sur les places, dans des squares ou dans des parcs. A vous de jouer les détectives pour trouver le groupe de chiens près de chez vous.
 
Enfin, vous pouvez vous inscrire à des cours d’éducation ou dans une école pour chiots. « …. » L’école du chiot est plus que bénéfique, mais à elle seule, elle n’est à mon avis pas suffisante, car le chiot a besoin de se « frotter » à des chiens de tous âges afin de savoir communiquer correctement. Un adulte saura mieux le remettre à sa place en cas de besoin. Et s’il ne le fait pas, ce sera à vous de réagir afin de lui montrer les limites.


Quelle fréquence ?
Une fois par semaine, c’est déjà ça, mais ce n’est pas vraiment suffisant. En effet, pensez toujours que le chien n’a pas la même durée de vie que nous, et donc pas la même échelle de temps. Pour lui, voir un chien une fois par semaine, c’est peut-être comme si nous voyions un humain une fois par mois !


La qualité d’abord !
Ce qui compte avant tout, plus que la fréquence des rencontres, c’est la qualité des rencontres. Si plusieurs rencontres se passent mal, le chiot risque de garder une appréhension. Attention, lors d’une rencontre avec un autre chiot, il est fréquent que l’un des deux se fasse bousculer et couine. C’est tout à fait normal. Il faut calmer un peu le plus téméraire, mais ne pas pour autant faire cesser leurs interactions ou se jeter sur le plus timide pour le câliner. Au contraire, se faire (modérément) bousculer, c’est la vie des chiens. Pas de panique !


Cela dit, choisissez bien les chiens avec qui vous voulez mettre votre « bébé » en contact. Et quand je dis choisir, je ne veux pas dire vous fier à la taille ou à la tête du chien pour savoir s’il sera gentil ou pas. Un gros molosse peut aussi être très doux avec les chiots s’il a lui-même été bien socialisé. Cela dit, si vous avez trop peur d’approcher un gros chien « … », il vaut mieux renoncer plutôt que de finir par suspendre (voire pendre) votre chiot ou le porter et lui envoyer un message clair : « Les gros chiens, ça fait très très peur ! » Si vous craignez ce genre de contact, nous vous conseillons fortement de participer aux balades canines ou de vous faire aider par un professionnel (qui vous apportera de la sécurité dans un premier temps, puis vous apprendra comment réagir), plutôt que de transmettre votre peur au chien.


Enfin, beaucoup de gens pensent que leur chiot est bien socialisé, car il joue tous les jours avec le jeune labrador du premier étage. C’est vrai que c’est une bonne chose, mais encore une fois, c’est loin d’être suffisant. Le chiot va s’habituer à son copain et ne sera pas forcément plus sociable avec les autres. C’est la variété et la multiplicité des rencontres qui compte.


Combien de temps ?
La socialisation, ce n’est pas l’affaire de 3 ou 4 mois. « … » Or, la socialisation est loin d’être finie à 6 mois. Les hormones ne sont pas encore passées par là… Entre 10 mois et 2 ans, le caractère du chien va changer, s’affirmer, et sa relation aux autres risque d’en être bouleversée. C’est pourquoi il est essentiel de continuer à le mettre en contact avec d’autres chiens tout au long de sa vie.


Moralité : « parler chien », ça s’apprend. Les chiens ont un langage, et comme tout langage, quand on ne le pratique plus, on le perd, même si c’était sa langue maternelle.

La socialisation, c’est donc toute la vie. Elle va être différente à 2 mois et à 5 ans, mais elle ne peut s’arrêter d’un coup, au risque de faire de votre chien un paria de sa propre race…
Source : Yannick Thoulon-Canissimo
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